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Du haut de mon demi-siècle, je fais le bilan des moments où j’ai pesté contre ma petite taille, moi qui rêvais de grandir, – oh, pas pour exercer une profession règlementée, comme hôtesse en l’air ou top modèle – , mais juste pour attraper tranquillement les objets de l’étagère du haut, sans renfort d’escabeau…
« Tout ce qui est petit est joli »…mon oeil! C’est un sacré handicap, et mon aventure de cet après-midi en est la preuve hurlante. J’avoue toutefois que, lorsque je fais mes courses et que, malencontreusement, la seule bouteille qui reste se trouve hors de ma portée sur l’étagère du haut, je ne me démonte pas, et, peignant un désarmant sourire sur mon visage angélique, (Marc Lévy ne ferait pas mieux), je demande de l’aide à un client de belle taille. Je n’ai jamais essuyé de refus, au contraire. Il semblerait même qu’offrir à quelqu’un l’opportunité de rendre service lui procure un plaisir, un contentement, une self-satisfaction que la vie ne lui apporte pas si souvent…
Je me souviens de ma grand-mère maternelle, dont j’ai hérité la petite taille, qui maugréait au quotidien, dans son patois pasdecalaisien…et qui avait mis au point une technique retentissante pour attraper les objets un peu trop haut placés : armée d’une fourchette, elle provoquait l’éclatement retentissant de nombreux bocaux qui s’écrasaient au sol…pour mon plus grand bonheur de petite fille au spectacle.(chic alors, je vais encore apprendre des gros mots!)
Cet après-midi, à la faveur d’une météo pluvieuse et d’une fenêtre de 4 heures dans mon emploi du temps, j’ambitionnais la fixation d’une tringle à rideaux dans la mezzanine de la pompeusement nommée « salle télé ». En juillet, le dernier des 6 enfants de notre famille recomposée s’est envolé du nid, et la maison se customise pour accueillir d’autres activités… Il est un peu tôt pour vous dévoiler mon projet en construction (un peu de teasing, ça sert toujours…). Me voici donc armée de ma tringle (de récup), de mes rideaux (vide-grenier de Roquefort été 2022), Juchée sur la pointe des pieds, sur la plate-forme du plus grand escabeau, pleine d’espoir…et voilà ces p! de 20 cm qui me font cruellement défaut. Me retrouver bloquée à 20 cm de l’arrivée, ô rage, ô désespoir!
La colère est montée, oui, vous ne rêvez pas! Moi, la discrète, pondérée, qui fuis cela comme la peste. 10 secondes, puis encore 10 secondes…et enfin, « quoi d’autre est possible? »… on n’est pas au market du coin, avec des Mètresquatrevingquinze en Hilfiger à la recherche d’un Laurent Perrier pour le dîner, ici, au bout de mon petit chemin campagnard et confidentiel…Personne à désarmer…
A quoi bon pester, quand » la solution est en vous »? et que vous possédez une…agrafeuse! Pourquoi une tringle pour un rideau qui ne sera jamais manipulé? Test d’agrafage à l’aveugle, en équilibre sur le bord de la plateforme…puis illumination…ben oui, des copines au format top-modèle, figurez-vous que j’en ai! Et qui plus est, bricoleuses et pas mijaurées. Prêtes à rendre service. Donc, j’ai attaqué l’adaptation des rideaux, et dans la semaine, il y en a bien une qui passera bosser à l’Ile Blanche, et jouer à voir le bas d’en haut. Sur mon escabeau.
Donc. La colère. Peut figurer un merveilleux carburant. A condition de la dépasser et de la transformer.
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